Le site du « Bois de l'Hôpital » a été fouillé dans le cadre d'une opération d'archéologie préventive réalisée entre novembre 2015 et avril 2016. Il s'insère dans une épaisse formation limoneuse colluviale qui couvre la basse terrasse du Tarn (Fy1) dont le sommet correspond à la superposition de deux horizons argiliques luvisoliques de rang interglaciaire (BT1 et BT2) au sein duquel plusieurs niveaux paléolithiques ont été identifiés. Le plus ancien, situé à la base de l'horizon BT2, se compose d'une série lithique quantitativement peu importante avec une composante bifaciale marquée et se rattache à l'acheuléen pyrénéo-garonnais de la fin du Pléistocène moyen. Plusieurs niveaux sus-jacents sont attribués au Paléolithique moyen dont le niveau principal se situe au sein d'une matrice à graviers épais d'une quinzaine de centimètres, à l'interface entre les horizons BT1 et BT2.
L'analyse présentée ici repose sur les niveaux archéologiques du Paléolithique moyen. Ces derniers présentent une forte composante d'outillages lourds, essentiellement produite aux dépens de galets de quartz, pour lesquels la variabilité pétrographique et la zone de collecte sont documentées. Les galets à enlèvements unifaciaux sont les plus fréquents, mais leurs volumes, leurs techniques de productions et leurs structurations fonctionnelles sont variables. Ils sont associés à de rares galets à enlèvement bifaciaux et à quelques bifaces (108 outils au total). Ces différences de nature techno-morpho-fonctionnelles ont permis de caractériser différents groupes d'outils sur la base d'un potentiel fonctionnel commun. Par ailleurs, plusieurs outils (15.7%), présentent sur leurs tranchants des macro-traces, témoins de leur utilisation en percussion lancée directe. Des expérimentations spécifiques, pratiquées avec les mêmes types d'outils et les mêmes matières premières, permettent de valider cette interprétation concernant le geste utilisé pour la mise en action de l'outil.
Ainsi, il a été possible de relier certains groupes d'outils à un geste pratiqué. La structuration fonctionnelle de l'outil permet, au-delà de macro-traces de même nature, de percevoir deux modes d'emploi au sein des gestes de percussion lancée directe, une percussion droite et une tangentielle. Les galets aménagés sont le plus souvent considérés comme des outils employés en percussion lancée, sans que cela ne repose sur une démarche analytique concrète. Ici, la combinaison des analyses techno-morpho-fonctionnelle et tracéologique (faible grossissement), permet d'attester cet usage. Par ailleurs, ces résultats rappellent la forte part remplie par le macro-outillage dans les activités des homininés, y compris au seind'un techno-complexe du Paléolithique moyen.