Les grandes banques de données archéologiques actualisées commencent seulement à produire des scenarios à grande échelle sur l'évolution du peuplement ancien. Parmi les nombreux projets actuels, celui mené sur le petit territoire de la plaine de Troyes (70 km2) ausculte le mouvement des données disponibles sous plusieurs facettes et sur la longue durée de 6 millénaires. Les courbes de tendances disponibles pour le Néolithique et l'âge du Bronze projettent une succession de phases de croissance puis de repli de durée et d'amplitude variables : les deux grands mouvements de très longue durée englobent au moins cinq séquences distinctes. Une partie seulement de cette évolution a déjà été constatée dans les régions limitrophes : colonisation rubanée, crise de la fin du IIIe millénaire, boom du Bronze final. Mais les absences et les vides interrogent tout autant que l'abondante documentation de certaines phases : sur ou sous-représentation des données ? Comment mesurer l'impact réel des complexes mécanismes taphonomiques ? Le climat, dieu terrible ou bienfaiteur des communautés paysannes ? Quelle influence ont pu avoir les stratégies de recherche, dans un secteur qui plus est peu dynamique avant l'ère du préventif ?